Panorama : plateformes au cœur de la co-gestion
La plupart des plateformes de gestion musicale prétendent faciliter la vie des artistes. Peu tiennent la promesse de la co-gestion authentique, là où labels et créateurs accèdent simultanément aux mêmes outils et informations. Passage en revue des acteurs qui tissent déjà ce futur.
1. Labelcamp : la maîtrise totale, entre automation et transparence
- Secteur : Distribution, gestion de catalogue, reporting financier
- Public : Labels indépendants, distributeurs, artistes producteurs
Labelcamp, filiale de Believe, s’est imposé comme le laboratoire d’outils professionnels sur mesure (source : Believe, rapport public). Au menu : contrôle granulaire des royalties, accès différencié selon les profils (artiste, label manager, éditeur), administration dédiée à la gestion des sorties internationales... Le partage des dashboards devient dynamique: chaque partie prenante voit ses propres métriques, compare exportations, streams, ventes, synchronisations et, surtout, peut agir.
- Plus de 800 utilisateurs pros en 2024 (Estimate Believe).
- Gestion multi-comptes, avec hack au service de la transparence : labels et artistes co-validant métadonnées, splits et validations de campagnes marketing.
Un outil encore peu ouvert au très grand public, mais qui trace la voie d’une co-gestion robuste, souvent adoptée par des structures mutualistes (collectifs, micro-labels de niche...).
2. Stem : le partage des gains, en temps réel
- Secteur : Distribution digitale, gestion des revenus, splits automatisés
- Public : Artistes, managers, petits labels, collectifs
Née à Los Angeles en 2015, Stem a fait de l’agilité collaborative sa marque de fabrique (source : Billboard). L’idée ? Tous les membres d’un projet – producteurs, musiciens, co-labels – reçoivent leur part de revenus automatiquement, dès que celle-ci est générée, sans friction.
- Visualisation des statistiques et revenus : tous les partenaires voient en temps réel l’évolution des royalties, des parts, des relances de paiement.
- Outils de décision collective : possibilité d’attribuer des “rôles” (éditeur, label, artiste principal, featurings) avec droits différenciés sur l’ensemble des sorties.
La force de Stem : sa simplicité d’usage. Elle a séduit autant des collectifs hip hop (Dreamville) que des artistes pop en quête d’indépendance (source : MusicAlly). Un bémol : service pour l’instant limité aux créateurs basés aux États-Unis.
3. Artist Connect : centraliser, déléguer, collaborer
- Secteur : agrégation de données, gestion collaborative de projets
- Public : structures hybrides, collectifs, petits labels, agences
Moins connue que Stem ou Labelcamp, Artist Connect s’impose en Europe depuis 2022 comme un hub centralisant tous les KPI essentiels (Spotify for Artists, Apple Music, Deezer, SoundCloud…), mais aussi les flux financiers et les droits voisins. Sa spécificité : une admin où les divers intervenants se partagent l’accès en fonction de leurs missions : booking, promo, finances...
- Tableau de bord multi-utilisateurs, pour une gestion agile du planning, des campagnes, des rendus artistiques.
- Accès à des outils collaboratifs pour brainstormer, valider des contenus ou décider de campagnes marketing.
Le modèle d’Artist Connect s’adresse à ceux qui veulent abolir la vieille séparation entre “artistique” et “business”. À surveiller pour quiconque rêve d’inventer une gouvernance collective de son projet.
4. Symphonic Distribution : gestion partagée et analytics poussés
- Secteur : Distribution digitale, analytics, reporting
- Public : Labels, artistes entrepreneurs, éditeurs
Avec ses plus de 30 000 utilisateurs selon son rapport 2023 (Symphonic Distribution), Symphonic propose un modèle “à la carte” où l’artiste peut, selon son deal, inviter le label à consulter ou agir sur ses uploads, splits, analyses de performance.
- Dashboard multi-niveaux : chaque rôle (artiste, manager, label, éditeur) accède à un espace dédié.
- Génération de rapports automatisés, partageables, pour la répartition transparente des revenus et de la data audience.
Le + : Symphonic brise la solitude administrative en mêlant expertise humaine et automatisation (live chat, offres de mentoring…).
5. ForTunes : la data partagée, arme secrète de la co-création
- Secteur : Analytics, stratégie, gestion de campagne
- Public : Artistes hybrides, managers, labels réactifs
Beaucoup d’outils laissent l’analytique au placard de l’opacité. ForTunes part à contre-courant, proposant un dashboard ouvert où chaque intervenant d’un projet peut suivre en temps réel l’impact des releases, la réactivité des plateformes, ou la viralité sur TikTok, YouTube ou Instagram.
- Alertes partagées lors des pics d’écoute ou de playlistages.
- Co-validation des campagnes promo entre artiste, manager, label, pour ajuster la trajectoire immédiatement.
De nombreux labels et collectifs en France utilisent ForTunes en “interface neutre” afin d’éviter manipulations ou conflits sur le partage des infos, un détail qui fait son importance dans les contextes hybrides.