Éthique, avenir et rapport de force : qui tient l’âme du son ?
La démocratisation des outils de production musicale n’a jamais été aussi radicale. Aujourd’hui, un producteur-lofi aux moyens limités peut sortir des morceaux d’une qualité brute, émotionnelle voire technique, qui n’a rien à envier aux créations de studios tapis dans le velours des majors. Mais la bataille de la qualité cache un autre affrontement : celui du contrôle.
Le modèle libre garantit le droit de modifier, de comprendre, d’adapter l’outil, là où la solution propriétaire propose un cocon, mais surveillé. Quand la dépendance à l’abonnement ou à la compatibilité hardware/logicielle étrangère devient la règle (cf. Apple Silicon, Avid Cloud Collaboration), que devient l’indépendance sonore ?
À l’aube de la décennie 2030, une question s’invite dans tous les bunkers DIY : produire une œuvre, est-ce seulement la question de la clarté sonore, ou aussi du choix politique ? Les majors garderont leurs tours de verre et leurs standards industriels, mais le feu de la création indépendante crépite là où les murs sont poreux, où tout est à hacker.
Dans quelques années, les frontières entre les deux mondes vacilleront peut-être sous les coups de boutoir de l’open source, des IA, et des artistes-cybernautes. Libre à chacun de choisir ses alliés, à condition de ne jamais oublier : la qualité n’est pas qu’une affaire de machines, mais de visions partagées, d’expérimentations sans routine, de désir de fracasser ses propres limites.